jeudi 28 mars 2013

à la capitale

un séjour à buenos aires sans se faire voler, on n'a pas vraiment l'impression d'être allé à buenos aires, dit en rigolant (à moitié) alfons, un collègue catalangue de pute.
pourtant, j'ai bien l'impression que nous y étions, ce week-end, hein, kiran ?
même si à l'inverse des deux précédentes fois, on ne s'est (miraculeusement ?) pas fait rouler par un taxi fournisseur de faux billets ni détrousser par des malfaisants au terminal des autocars.
faut dire que chat échaudé patin couffin, et que désormais, on ne prend que le bus - on a même acheté la carte orange locale - et que nous ne quittons plus jamais des yeux nos sacs, ni ne répondons quand un passant nous demande un renseignement.
week-end à buenos aires, donc, encore appelée "la capitale" par certains ironiques installés sur la rive septentrionale du rio de la plata (la nôtre).




des petits quartiers où il fait bon flâner sous le doux soleil d'automne, des boutiques de meubles design, de fringues de créateurs, des bed and breakfast retapés avec goût à moitié moins cher que des hôtels miteux en uruguay, des ruelles pavées, des bars à cocktails, des restaurants qui servent autre chose que de la vache trop cuite, des passants lookés à mort, des cheveux roses, de grandes librairies avec des milliers de références, de la guiness à la pression et des expressos qui ont un goût de café.
pas de doute, on a traversé le rio, oui.
troisième séjour, déjà, et c'est à peine si nous connaissons un quartier (palermo, repaire bobo arty où pullulent les bars, restaurants et boutiques branchées).
la ville est vaste, parfois étouffante, la circulation infernale, les bus assassins (pour le piéton comme pour le passager), l'architecture encore un peu 19e, début 20e, tendance parisienne mitée par le béton.
autant la première fois, nous avions trouvé l'autochtone rugueux (notoirement handicapé du bonjour-merci-au revoir) - en plus du taxi voleur (bien que lui, au moins, ait été fort aimable, histoire d'endormir notre méfiance avant de nous détrousser - on aurait dû se douter que c'était louche !) - autant peu à peu, une fois quelques codes de base acquis (non, on ne demande pas de petite monnaie dans les commerces pour payer le bus, IL N'Y A PAS DE MONNAIE !! PIGE ??!!!, non, on ne traverse pas devant une voiture, même sur un passage piéton, non, on n'attend pas que le commerçant te salue un genou à terre en faisant des gouzi gouzi avec son chapeau quand tu pénètres dans son échoppe, oui, tu apprends la table de huit pour savoir combien coûtent les choses au dollar parallèle...), c'est un vrai plaisir de déambuler dans cette ville bouillonnante et de bavarder avec des porteños.
samedi, longue après-midi passée avec une vieille amie de kiran (silvana, 76 ans, jeune veuve pétillante malgré la tristesse après la mort de son époux, après 54 ans de vie commune).
à peine sortis de table au restaurant, elle nous invite à prendre le café chez renata, autre veuve joyeuse, qui l'héberge lors de ses séjours à la capitale.
nous arrivons au 10e étage d'un immeuble vieillot mais qui a dû avoir ses heures de gloire.
la décoration doit dater de 1956 (lambris brun aux murs, tableaux immenses et sinistres, moquette usée jusqu'à la corde, tapisserie à fleurs, collection de pots en laiton),ce qui n'empêche pas la propriétaire au cours de la discussion de se moquer de la déco ringarde d'un hôtel qu'elle fréquente à montevideo...
nous sommes donc invités pour le café, mais silvana ayant prévenu de notre arrivée son amie, celle-ci à sorti la porcelaine.
et le goûter (je rappelle que nous sortons de table).
nous voilà donc face à une montagne de tasses, plats, assiettes et couverts, sommés de faire honneur à un camembert en boîte de conserve bleu-blanc-rouge, une pointe de brie sec (mais denrée rare sous ces latitudes), un gâteau, des pains grillés, des sandwichs au jambon et ananas (les meilleurs de la ville, m'assure-t-on. bigre ! parce qu'en plus, ils sont plusieurs à connaître la recette ???), etc.
pas étonnant que kiran ait pris 10 kilos, lors de son année en argentine, au début des années 2000 !
pour te dire qu'on t'aime, on te gave.
on devait beaucoup l'aimer...
quant à ce samedi, plus une once d'énergie ensuite pour aller faire du shopping comme prévu, mais c'était très rigolo d'écouter les deux veuves moqueuses.
le soir, nous étions invités à fêter l'anniversaire d'un collègue de l'afp.
soirée fluo.
on arrive avec une bouteille de fernet (je vous en ramènerai en france cet été).
à peine entrés dans l'appart, on se rend compte qu'on passe pour des couillons, avec notre bouteille.
c'est pas un appartement, c'est une boîte de nuit.
je ne sais combien de centaines de m2, dj, lumières colorées, bar privé avec barman, cocktails à volonté (et piscine particulière sur la terrasse...).
merde, c'est ça, la vie d'expat ???
on fait, quoi, nous, dans nos 50 m2 plein de courants d'air, chauds l'été et froids l'hiver où on ne peut pas recevoir plus de quatre personnes à la fois  ?
kiran est aux anges.
enfin du monde, du bruit, un dance floor, de la couleur.
tout ce dont nous sommes privés de notre côté du rio.
un magnifique échantillon de jeunesse expatriée.
riches, beaux, dynamiques, voiture de fonction, école privée et appartement dans les beaux quartiers, profitant à plein de leur passage à l'étranger.
"buenos aires ? j'adoooooooooooore, mais les écoles publiques sont d'un tel niveau..."
dans le groupe, le nouveau directeur du bureau de l'afp en argentine.
qui a une maison de famille à lasserre et fréquente le marché de montbrun !
le monde est un village...
à 04h00 du matin, madame est épuisée, et passablement imbibée.
faisant preuve d'un courage frisant la témérité, nous décidons de rentrer en taxi.
deux étrangers, saouls, à cette heure, c'est bain béni pour tous les malandrins sillonnant la ville au volant de leur fiat jaune et noire pourrie, le compteur truqué et les poches pleines de faux billets, à la recherche du prochain pigeon à plumer.
mais il ne sera pas dit qu'on me fera le même coup deux fois !
désormais, je n'ouvre pas la bouche à part pour donner l'adresse (préalablement répétée avec un local pour s'assurer que je la prononce sans accent) et nous avons toujours des petites coupures sur nous pour pouvoir faire l'appoint (c'est en rendant la monnaie qu'ils te refourguent leur photocopies de billets de 50, les saligauds).
du coup, ça se passe bien.
par contre le lendemain, la patronne fait moins la maline.
pour une fois que ça n'est pas moi qui dort avec la bassine à côté du lit, je jubile !
dimanche, gueule de bois, lunch, lèche-vitrine.
encore quelques rouspéteries sur le mode: "ah la la, ici t'as vu, on mange un repas complet et tout joli tout beau pour la moitié du prix d'un chivito en uruguay ! ah, t'as vu comme il y a du monde dans les rues et comme c'est facile de boire un café ? oh regarde, la boutique, tu vas surement trouver un haut sympa", puis dodo et bateau et bus et montevideo.
vous connaissez, montevideo ?
allez, la prochaine fois je vous raconte, promis !

hugo.

des photos







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